Reconversion professionnelle : un exercice parfois périlleux
Nous avons interrogé Emilie Gauvry, chargée de recherche en sécurité microbiologique, qui est revenue dans son secteur d’origine après une période de reconversion professionelle de 2 ans.
Pourquoi avez-vous choisi de changer de voie ?
Suite à mon doctorat et mes contrats en CDD en microbiologie (secteur d’origine), aucune opportunité ne s’est présentée à moi suite à ces contrats, dans la région de Rennes où mon conjoint et moi-même habitions. Etant donné la contrainte géographique, j’ai décidé de changer de voie (informatique) pour trouver un emploi.
Pour quels motifs avez-vous décidé de revenir dans votre 1er secteur plutôt que dans un autre ?
L’opportunité s’est offerte à moi (à Vendôme) et cette fois, mon conjoint a pu me suivre pour changer de région, me permettant alors de revenir dans mon premier domaine d’expertise qui me passionne (2 ans après l’avoir « quitté »). Si l’opportunité ne s’était pas présentée, je serais certainement toujours en informatique à Rennes.
Je voudrais mentionner également que l’opportunité s’est présentée grâce aux services de Leaderia et que la perspective d’accompagnement durant les premiers mois (rdv téléphonique pour savoir comment se passe le démarrage de l’activité, l’intégration dans l’entreprise, etc…) ont été très rassurants.
Que retenez-vous de cette expérience ?
La reconversion est très formatrice, tant d’un point de vue professionnel que personnel. J’ai particulièrement pris confiance en moi, à faire confiance dans mes aptitudes, à m’ouvrir à d’autres champs d’expertise, à m’adapter, apprendre rapidement et « sur le tas », à travailler dans un cadre différent, en équipe, l’orientation client, etc… Cette expérience m’est très profitable pour mon poste actuel.
J’aimerais aussi mettre en avant l’entreprise d’accueil en informatique, (Sopra Stéria pour ne pas la citer) qui a vraiment été une super expérience d’accueil et de formation des profils junior en reconversion, qui sait les accompagner et leur offrir l’opportunité de s’épanouir dans un nouveau domaine. Je trouve que c’est un bon exemple qui démontre que malgré le manque d’expérience d’un candidat dans un domaine, faire confiance en ses aptitudes, son savoir-être et ses capacités d’apprentissage est un bon pari pour l’entreprise.
Le retour à votre premier secteur a-t-il été plus difficile après ce temps de « pause » ?
Non, pendant les 2 ans de « pause » en microbiologie, j’ai toujours gardé un pied dans le domaine (lecture/écriture de publication, aide et contacts auprès d’anciens collègues sur certaines thématiques). Le nouveau poste en microbiologie coïncide exactement à mes compétences, la reprise de l’activité a donc été simple, il a fallu simplement « re-graisser les rouages » au démarrage et j’ai été opérationnelle très rapidement. Cette étape d’adaptation a aussi été largement facilitée par mon manager et l’équipe avec laquelle je travaille ; ils m’ont accordée leur confiance et leur accompagnement.
A quels éléments faut-il être attentif avant de faire le pas ?
De mon expérience de reconversion professionnelle je pense qu’il faut accepter l’éventualité de « faire le deuil » définitif de son premier secteur de prédilection au cas où une opportunité d’emploi ne se présenterait pas/plus. C’était mon cas, je n’ai pas cherché d’emploi en microbiologie pendant mon expérience en informatique, c’est vraiment l’opportunité (contactée par Flore (Givelet) de Vregille) qui m’a fait revenir en microbiologie. Il faut également être attentif au nouveau secteur dans lequel on s’engage, à se renseigner sur le poste, le quotidien, les missions, ce qu’on peut y apprendre, les possibilités d’évolution dans ce secteur, et surtout, la façon dont on va être accompagné(e), soutenu(e) pour apprendre les nouvelles missions. J’inviterais les personnes faisant une reconversion professionnelle à récolter des témoignages de personnes ayant fait l’expérience de reconversion dans l’entreprise visée.
Attention aux fausses bonnes idées !
Il est tentant de quitter son entreprise et de changer de métier pour mettre en œuvre l’idée à laquelle on pense depuis si longtemps. Mais, on ne transforme pas forcément une passion en métier…
La méconnaissance de ce que représente la réalité de la gestion d’une nouvelle activité est source de grandes difficultés et de nombreux échecs. Il est donc impératif d’identifier les bonnes raisons au changement, sans masquer la réalité : avoir un bon salaire ? Ou exercer un métier passion ? Les deux critères sont rarement compatibles. Parfois la reconversion est « subie » par manque d’opportunités.
Tout changer, tout renverser, n’est pas forcément la bonne solution. L’amélioration radicale de son environnement de travail ne passe pas forcément par un virage de carrière lui aussi radical. Des ajustements légers – de management, de contenu de poste, de secteur… – peuvent eux aussi initier durablement un renouveau professionnel.
Une démarche méthodique
Réussir sa reconversion, grande ou petite, demande une préparation rigoureusement conjuguée bien souvent à la mobilisation de ressources externes. Une démarche méthodique doit être suivie pour opérer les bons choix, une formation et le recours à un accompagnement au changement peuvent être utiles.
Se reconvertir c’est aussi se former et être accompagné par les entreprises ! Foncer vers une reconversion sans formation peut vite se révéler frustrant voire bloquer la possibilité de continuer par perte de motivation.
La patience est de mise car le processus prend du temps : on ne change pas de vie professionnelle en seulement trois mois ! Il arrive même qu’après une reconversion, on revienne dans son secteur d’origine à l’image des salariés boomerang.