Inconnue il y a quelques mois, révolution quotidienne aujourd’hui : de quoi es-tu le nom, IA ?
Ainsi, nous connaissons le nom de la nouvelle grande vague technologique, après l’énergie atomique, la conquête spatiale, Internet …Voici l’ère de l’Intelligence Artificielle (IA), dont on ne sait pour l’heure pas bien dire si elle sera rêve ou cauchemar. Pour les photographes, par exemple, l’IA est un vrai coup dur, voire un sale coup. Pour l’écologie ? Les nouvelles ne sont pas bonnes non plus, tant cette technologie est dévoreuse d’énergie. Mais pour la médecine, les succès sont déjà là …
Et dans un monde qui devra en 2050 nourrir 10 milliards de personnes, c’est bien un formidable espoir de savoir que le futur de l’agroalimentaire se conjugue désormais au mode IA. En effet, selon une analyse de l’ONU, l’application de l’IA dans l’agriculture augmentera la production alimentaire mondiale de 20% dès 2025, rendant ainsi accessible l’objectif de développement durable « Faim Zéro ». Voici donc venue l’ère de l’AgTech (technologies liées à l’agriculture), dopée aux capteurs de données, algorithmes, robotique, monitoring par satellite, computer vision … les technologies et les outils se combinent pour écrire ce nouveau chapitre de l’histoire de l’adaptation de l’agroalimentaire à son époque. Et le secteur ne s’y est pas trompé : selon Goldman Sachs, le marché de l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture devrait atteindre 250 milliards de dollars en 2050, contre 1 milliard en 2020 ! Et pour PwC, le marché des drones agricoles – deuxième débouché pour les drones professionnels, après la construction – pourrait dépasser les 30 milliards de dollars d’ici 2025…
Cette révolution n’est donc déjà plus du tout de la science-fiction, à tel point que le nouveau Las Vegas pourrait bien être Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, qui a accueilli en juin dernier le tout premier Customer Agricultural Show (CAS) : Vingt-huit Start-Up ont présenté leurs projets en robotique, en développement de traitement de données, ou leurs solutions de transitions énergétiques, faisant dire à Emmanuel Etesse, consultant innovation en agriculture et agronomie pour le Crédit Agricole; « L’intelligence artificielle aidera demain les agriculteurs à prendre les meilleures décisions. »
Et en effet, les promesses de cette agriculture de haute technologie sont nombreuses : solution à la pénurie de main d’œuvre, gestion optimisée de l’eau, dosage conscient des pesticides, anticipation et traitement de maladies, moindre pénibilité des tâches, calendrier intelligent des semis … la liste vertueuse semble sans fin.
Mais quand même … Cette révolution de l’IA, ses coûts, sa puissance et la technicité de ces nouveaux outils, pour passionnants et prometteurs qu’ils soient, installent chez les agriculteurs encore bien loin de ce monde 4.0 un sentiment qui bien que nouveau, a déjà un nom : l’IA-Anxiété, blues contemporain renvoyant loin en arrière : par exemple, à l’avènement de l’automatisation, qui a vu les machines automatiques remplacer les travailleurs de l’industrie textile, puis l’arrivée de l’électricité au début du XXème siècle, mettant irrémédiablement au chômage les allumeurs de réverbères, et ainsi de suite à chaque progrès hier, comme aujourd’hui…. Et si l’on peut se rassurer en expérimentant que l’IA n’a rien de « magique », mais n’est au fond qu’un science mathématique probabiliste, il faudra beaucoup de lucidité au secteur pour préserver son rapport au monde, au vivant, au travail, à l’outil, car l’agriculture n’a d’autre choix que de se transformer, pour faire face au défi du réchauffement, car quand tout se dérègle, l’Intelligence Artificielle, elle, garde la tête froide ….